©Camille Drouet
La culture, « pas pour nous », pensaient-ils. Pour les y amener, depuis treize ans, la cité nordiste organise, en différents lieux, ce grand rendez-vous musical. Devant la grande scène, dont l’accès est gratuit, on croise les férus de festivals mais aussi des personnes âgées ou des familles avec poussettes venues écouter Fauve ou Chinese Man, invités de cette édition qui a eu lieu du 1er au 3 août.
En 2008, l’année où Bashung donnait à Aulnoye-Aymeries l’un de ses derniers concerts, il fallait, pour s’y rendre, traverser la fête foraine. « En s’approchant des manèges, beaucoup faisaient en fait un pas vers les concerts », se souvient Sébastien Coupez, le directeur du festival.
LES « NUITS SUSPENDUES »
On entend souvent dire que « le festival est à gauche ». Sébastien Coupez précise : « Oui, du côté du cœur. » Nuits secrètes a innové cette année avec les « nuits suspendues », des places gratuites pour les plus démunis, pensées sur le concept des « cafés suspendus », qui permettent à des gens sans le sou de boire un café payé par avance par un client.
A la billetterie, les festivaliers peuvent ainsi donner quelques euros pour que des Aulnésiens en difficulté puissent profiter des scènes payantes ou de ce qui a fait la renommée du festival, les parcours secrets : des bus plongés dans le noir qui embarquent les spectateurs vers des concerts dont ils ignorent le lieu – une grange, une église, une ancienne école… – ainsi que le nom de l’artiste.
Comme 150 autres, Kathia, temporairement bénéficiaire du RSA, et sa fille ont ainsi eu accès au Jardin, petite scène où l’adolescente a pu écouter les nordistes de Skip the Use.
Aux Nuits secrètes, c’est la bière d’un petit producteur qui coule aux pompes des différentes scènes. Sébastien Coupez invite les habitants de la ville à profiter économiquement du festival. « La ville a beaucoup souffert, et si les commerçants peuvent faire 40 % de leur chiffre annuel en trois jours en profitant de la musique, c’est aussi là, l’esprit des Nuits. »
Pour chaque euro de subvention investi dans le festival, deux sont récupérés par les Aulnésiens. Le directeur se félicite du succès de l’édition 2014 dont la fréquentation devrait, selon lui, dépasser le nombre de 56 000 festivaliers enregistré en 2013.
Publié dans Le Monde et sur le site Internet du Monde le 4 août 2014.
http://abonnes.lemonde.fr/culture/article/2014/08/04/nuits-secretes-un-festival-qui-joue-sur-la-corde-solidaire_4466544_3246.html?xtmc=camille_drouet&xtcr=15
Camille Drouet, trilingue et journaliste. Ou l'inverse. 